Cinégraphies, les femmes de la tempête

Un corps féminin revêtu d’une robe de mariée opère un mouvement du haut vers le bas, il coule, attiré par une force de gravité. Cette femme coule puis regarde devant elle. Elle « nous » regarde fixement. Ce plan troublant, issu de Ritual in Transfigured Time réalisé par Maya Deren est en négatif. Il s’agit d’une « image-refuge » qui habite la narratrice du documentaire. Il devient à la fois une source d’inspiration, d’obsession et le moteur d’un journal filmé en Super 8mm et en vidéo, à la recherche d’une avant-garde féminine. Dans cette première partie qui se déroule à New York, là où a vécu Maya Deren, la narratrice s’est intéressée à trois réalisatrices actives à partir de la fin des années 1970 jusqu’à aujourd’hui. Peggy Ahwesh, Jeanne Liotta et Su Friedrich ont réalisé des films aux styles radicalement opposés. Les connexions entre les trois femmes émergent au fur et mesure à travers l’évocation de leurs méthodes de travail et les outils qu’elles ont utilisé, elles ont aussi soutenu ou contribué aux projets des unes et des autres. Ce voyage à New York fait aussi remonter les histoires fantomatiques du quartier de Greenwhich Village qui a été le creuset d’une avant-garde artistique aujourd’hui disparue et c’est là où vécu Maya Deren. Le titre Cinégraphies a été emprunté à une revue française dédiée à l’avant-garde dans les années 1920, un concept utilisé également dans les écrits de la réalisatrice française Germaine Dulac, dont le travail est abordé dans la seconde partie du documentaire (prévu en 2025).